Samedi 27 novembre

C’est drôle de se retrouver à marquer les 100 pas,
par zéro degré devant l’échoppe d’un commerçant,
à attendre le chaland, lui proposer ce traité
à préparer un souper aux défavorisés.

C’est drôle comme une place de marché
se vide dès les frimas du froid,
où la moindre gelée cristallise et recroqueville
la fragile pensée des parterres de la ville.

C’est drôle de scotcher ces écriteaux, invitant

à une solidarité au panonceau du magasin,
où déjà les préparatifs à une date de festin
obscurcissent l’empathie de ces habitants.

C’est drôle de ne pouvoir articuler d’un seul trait
les mots qui invitent à donner, à participer
à cet élan de générosité, par de la nourriture,
mets de première nécessité à des personnes déstabilisées.

C’est drôle de voir cet SDF qui sans façon
s’assied frigorifié au pied d’une publicité,
tendant sa sébile vers les passants attentionnés
pour que d’un regard échangé, recevoir plus qu’une collation.

C’est drôle ces visages fuyants qui n’écoutent
de votre litanie à vanter l’aide à autrui
que ce qu’ils ont déjà accompli avec ennui
mais qui les grandis auprès de leurs amis de la sorte.

C’est drôle d’y retrouver qu’un collègue, remplissant son panier
vous observe d’un rayon, puis d’un coup de crayon à son chéquier,
reconnait vous avoir mal calculé, que je n’ai pas encore basculé
et que sous mon air manche, je ne fais pas la manche, abandonné.

C’est drôle que la chaleur d’une connaissance
entraîne l’écoute et le geste en reconnaissance
par tous les clients de la file d’attente, et recevoir
un nombre disparate de pâtes et café noir…

C’est drôle que le visage ridé de la mémé
qui d’un grand sourire me tend ses boites de flanc,
réchauffe mes mains comme un soleil en beauté
par ses rides, ses cheveux blancs et son regard franc.

C’est drôle comme la compréhension ouvre les portes
à des questions sur ceux qui les emportent,
ces collectes, pour les donner à toute une population
qui n’a pour horizon qu’une vie en manque d’affection.

C’est drôle comme un don fait avec naturel
va bien au-delà du simple nécessaire :
chocolat aux noisettes, papillotes « éclair »
confitures, gâteaux secs au lieu des nouilles rituelles.

C’est drôle comme le cabas refuse toute aisance
afin que l’achat s’oriente vers la collecte
participant ainsi à remplir les dessertes
de la banque alimentaire pour une année d’assistance.

C’est drôle comme un peu de personnes avec du bon sens
animés par un zèle opposé au gel de la complaisance,
répondent comme un seul cœur à apaiser les rancœurs
envers ceux et celles qui souffrent de la faim à toute heure !

Mais ce n’est pas drôle d’effacer de ses pensées, cette misère
parce que notre regard ne se pose pas sur ces pauvres hères
que notre société a classé dans les nouveaux pauvres des cités,
effaçant de la notoriété bien pensante, les « loosers » du progrès !

 

« Dis papa, pourquoi le monsieur il est couché sur un carton avec ce froid, et pourquoi y’a des pièces dans son assiette, ça ne ce mange pas ! »

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