Roues à ruhe*

[* repos en allemand ]

C’est qui, c’est quoi ces grands sourires,
portés aux regards d’un temps passé,
qui t’invitent aux derniers instants à accomplir ;
les rites d’un départ alors que t’es juste posé !

Mais c’est une risette que tu nous fais !
Ta nacelle serre de près les murs du quartier,
affronte les déclivités, supporte les paquets,
où tu es sa figure de proue, sous son beaupré.

Serre fort ce cercle, tu verras, c’est d'la balle !
Etend tes petites jambes sous le volant
et glisse tes sandales sur les pédales.
Appuie très fort, voilà tu es roulant !


La mécanique grince, et la roue avance à peine.
Le portail s’ouvre, l’appel de la rue est lancé :
un tour de la place devant les filles médusées,
la libido du mâle vient de s’inscrire en tes gènes !


Tu es debout ! Et d’un équilibre précaire, tu enchaines
longues lignes droites dans un déhanché de patineur.
Les bancs, rebords de trottoirs et rampes d’escaliers
deviennent quarter-pipe, curb et rail sur la place du marché.


La tête dans le guidon, tu inscris ces virages
au passage de lacets, soudé aux poignées de freinage.
Le ruban gris s’étend au-delà du département.
Tu rêves déjà à d’autres continents.


La cavalerie s’affole, les oiseaux s’envolent
dès les pétarades de ton engin de parade,
où tu sièges droit comme un if,
muni de prétentions et de ton certif.


Déjà le permis, et tout te semble permis.
Une grosse berline, puissante et racée,
pour les amis, les sorties loin des murs gris,
Et surtout chercher celle qui illumine tes pensées.





Puis tu installes des banquettes à la camionnette.
Tu chantes, tu ris et grondes avec tous ces petits
Qui transforment le quotidien en joyeuses fêtes,
où les âmes attendries s’affolent de ce charivari.


Et l’aventure se poursuit. Fièvre d’une livraison,
choix des préparations, réparations au camion,
pour donner quelques objets essentiels à retrouver une dignité
à celui qui ne fait pas de questions existencielles sur la gaité.



Les fleurs, le voile, voilà elle est partie !
Un parfum léger, une musique couvrent mille ennuis.
Un message, une mésange tournent une page de vie.
Mais chut, voici, d’autres attendent d’être conduits…


Le mer effleure tes roues, couvre le cri des cormorans.
L’ombre s’attarde sur les traces parallèles incrustées au sable gris,
Tu lèves une main pour suivre l’envol du goéland, et petit à petit,
tu te hisses sur son dos, tu vogues avec lui au firmament.


Tu rêves encore, Jonathan. Tu te libères des faux départs,
Et tu respires une sensibilité appellée sérénité.
Tu es heureux, Jonathan. Le bleu de tes yeux se pare
d’or où se reflètent les larmes du soleil sur la mer irisée.


voix féminine flutée :
Jo, il faut rentrer maintenant, c’est le couvre-feu, la sortie est finie !
Oh, vous avez encore dégonflé vos pneus ! Et bien restez-y toute la nuit !

voix masculine grave :
La nuit n’en sera que plus belle, une voute étoilée sans nuages, telle
deux mains ouvertes , berceau où se rejoignent les odes des ménestrels.

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