Ma petit’ noix de karité, écoute ce chant
murmuré au lob’ de ton oreille, par ta maman.
Tu es une guerrière Lobi, et tu te tiens fière,
debout sur tes deux pieds dans les pas de ton père.

Ouvre tes yeux, écart’ les nattes de tes oreilles,
écoute le frémissement de ta terre au soleil,
respir’ de tes narines l’air acidulé des frondaisons,
chatoiement de couleurs, forêt claire en vibration !

Regard’ ce pays qui n’a cessé d’être le tien,
que tu quittas, enfant, pour un voyage si lointain,
mais dont le retour vers les ancêtres était écrit,
comm’ la noix de karité à la saison des pluies.

Vois, sens, goûte, touche, entend ses fruits !
Ils sont de cette terr’, le travail de ta fratrie,
humble de ce que chaque jour donne l’envi,
pour être cueillis, engloutis, ainsi va la vie…

Ainsi va la vie, bas’ carrée mais haut circulair’,
ces paniers dont on ne comprend le bâti austèr’,
alignés,  remplis de ces objets traditionnels :
balafon et awalé ou batiks culturels.

Noix de karité, broie de tes doigts cette tendre chair,
porte à ta bouche, ce régal doux et sucré qui t’es cher !
Tes yeux brillent de plaisir et ta langue, rosée, menue,
s’alanguie sur les plis des lèvres pour lécher son jus.

Repose-toi maintenant et dors comme le loir,
tout est calme, mon enfant, mon prince, mon diamant noir !
La terr’ Africaine a été berceau de conflits,
mais au cœur des hommes, il reste toujours un oasis…

Un plus : à lire tout en écoutant la complainte de J. R. M. Berreby