Qu’ils sont beaux !

Un brouillard de confusion, mots dits, mots tendres,
ralentit ma mobilité, d’un surf maudit, à me rendre
à cette énième réunion pour cadres en formation.
Mon sonotone peine à me restituer l’ambiance
de ces mots feutrés, étouffés en ma présence.

Plier les genoux, ôter son déplaceur de la voie d’honneur,
où l’heure n’est plus à musarder sur les voies du silence,
mais de respecter la vox populi des faiseurs d’or.
Lors même où s’extasie toute une confrérie ;
collègues, assistants, sont saisies de déférence !

Qu’ils sont beaux ! Sagement assis aux premiers rangs,
ils consultent fébrilement les derniers cours du nasdaq.
Leurs présentations ne doivent subir le moindre couac,
le jeu de la téléréalité doit être parfait, sans aucun blanc !
Et commence la danse des chiffres, chacun s’introduisant
comme l’humble rapporteur du travail de tous, leur mentor.

 Qu’ils sont familiers ! Pour un peu, je verserais ma larme…
« Unis dans l’adversité, nous avons persévéré, croisé les armes,
redressé des situations aliénantes où nous étions en alarme,
et nos faiblesses ont été structurantes à nos flammes. »
doctes réponses de la hiérarchie à cet appel au calme.

Qu’ils sont présents ! Mentons volontaires, verbe haut,
les paroles glissent, les explications causales assurent le propos.
Je n’écoute pas, mais bois leurs mimiques, art de la com,
où la position des bras affiche cette banalité des choses.
Leurs sourires captivent un auditoire tout acquis à leur cause.

Qu’ils sont sportifs ! De l’estrade aux sièges matelassés,
une extraction souple et féline, devant les spectateurs médusés.
J’aime ce ballet d’acteurs de ronde effrénée où je reste passif
et contemplateur de ces jeux de rôle, commedia dell’arte,
où chaque personnage s’exprime dans un dialecte disparate !

Qu’ils sont ovationnés ! Ma voisine applaudit sans cesse,
et maintenant je sais que sa présence trouble mes sens
à la découverte d’une nouvelle fragrance, la jeunesse !
Elle se lève de ses longues jambes en un déhanché gracieux,
et moi, je déplie ma carcasse dans un déséquilibre douteux.

Nos regards se croisent, un sourire, une aide proposée.
Cette mimique, ce regard profond, où l’ai-je rencontrée ?
Souvenirs passés d’un professeur reprenant son élève,
où l’élève dépasse le maître pour exécuter sa relève,
ivresse des chemins du temps où se croisent les destinées.

Un brouillard d’émotions voile nos mots d’une mousseline,
échange de non dits, m’autorisant à lui dire sous motus,
d’une prochaine démo de mots paumés à la Bobine,
à laquelle je m’y rends mieux motivé, le slam pour mobile.
Sans motif, m’a laissé planté là, loin des maux, immobile…

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